Après, Beyrouth et Damas,…Téhéran ?
Article paru sur La Tribune le 23 janvier 2025
Les conséquences, pour l’Iran, des changements survenus au Liban et en Syrie, sont impressionnantes. Une réunion tenue le 11 janvier, en France, d’anciens et futurs dirigeants occidentaux autour du renversement du régime iranien, complète ce panorama. L’année 2025 pourrait donc voir se poursuivre la recomposition du Moyen-Orient, impensable, il y a un an.
La stratégie de basculement des positions stratégiques de l’Iran au Proche-Orient a commencé l’été dernier.
La défaite libanaise
L’élimination de l’encadrement du Hezbollah, puis de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, de milliers de membres de cette milice, et la destruction de leurs infrastructures, ont conduit Téhéran à accepter des négociations et un cessez-le-feu. Initié par le régime des mollahs dès 1982, le ‘parti de
Dieu’ avait acquis une position militaire et politique dominante au Liban autour de la minorité chiite.
Depuis 2 ans sa représentation politique bloquait le processus d’élection du président de la
République libanaise par le Parlement. Le 9 janvier, Joseph Aoun, chef de l’armée libanaise a été élu président. Il s’en est suivi la mise en place d’un nouveau Premier Ministre. Ce déblocage politique matérialise la défaite politique, après la défaire militaire du Hezbollah, et de son parrain iranien, après 42 années d’investissement financier, militaire.
Mais ce revers dans la politique extérieure de Téhéran n’est pas resté unique.
L’effondrement du régime syrien, autre allié historique
Le ‘printemps arabe’ de 2011 avait fortement ébranlé le pouvoir de la famille Assad en Syrie.
L’alliance avec Téhéran et Moscou lui a évité de tomber au prix d’un sanglant conflit. Mais l’usure du temps, l’appauvrissement économique, et le retrait des miliciens du Hezbollah et des forces russes, monopolisées en Ukraine, ont créé les conditions d’écroulement du régime.
En quelques jours plusieurs milliers d’Iraniens, dont de nombreux gardiens de la révolution, ont quitté la Syrie, après le saccage de leur ambassade. Il y a une quarantaine d’année, Hafez el-Assad, père du président déchu, avait été le seul dirigeant d’un pays arabe à soutenir le régime perse, lors de la guerre Iran-Irak. En quelques semaines le régime des mollahs perd ainsi un deuxième allié de 40 ans !
Jamais depuis son arrivée au pouvoir en 1979 le régime religieux de Téhéran n’a connu un tel affaiblissement extérieur. S’y ajoute les difficultés de l’allié Houthi au Yémen, subissant les bombardements réguliers de ses installations militaires. A cet affaiblissement extérieur global s’ajoutent les profondes difficultés intérieures, inflation de 40%, coupures journalières d’électricité. Le régime iranien, porte toujours les marques du soulèvement de 2022. Dirigé par un Guide Suprême de ….86 ans, il se trouve à un tournant de son existence.
Dirigeants européens et américains sur le devant de la scène
Les positions des pays occidentaux, concernant le régime iranien sont donc particulièrement à observer. La réunion qui s’est déroulée, près de Paris, le 11 janvier, sous l’égide du Conseil
National de la Résistance Iranienne (CNRI) revêt une importance particulière. Elle a rassemblé plus d’une dizaine de dirigeants internationaux civils et militaires, ex-ministres et ex-premiers ministres. Elle avait été précédée, le 9 janvier, par une rencontre entre Maryam Radjavi la présidente élue de la résistance iranienne et l’ancien secrétaire d’État des États-Unis, Mike Pompeo (2018-2021).
Ce dernier a clairement formulé les 3 étapes que la toute prochaine administration américaine devrait mettre en place : pression économique maximum sur le régime, encouragement à la population iranienne de se débarrasser elle-même du régime, grâce à l’action des Unités de
Résistance intérieure, et enfin, reconnaissance d’un gouvernement provisoire. Ce dernier mettra en place des élections libres, dans les 6 mois, dans le cadre du programme en 10 points du Conseil National de la Résistance Iranienne.
Les interventions de l’ancienne première ministre britannique, Liz Truss, et d’Ukraine, Ioulia
Timochenko, de l’ancien speaker de la Chambre des Communes de Grande-Bretagne, John Bercow, et de deux anciens commandants des Forces Alliés en Europe, les généraux Tod Walters et James
Jones, ont toutes confirmé ces 3 étapes dans l’évolution souhaitée vers la chute du régime religieux de Téhéran. Le futur envoyé spécial de Donald Trump sur l’Ukraine, le Général Keith Kellog a confirmé cette stratégie : « Nous devons exploiter la faiblesse que nous voyons maintenant. L’espoir est là, tout comme l’action doit l’être aussi ». Sa présence souligne l’importance, que revêtira pour l’Ukraine, l’arrêt du soutien militaire iranien, à la Russie.
À l’image de la chute du régime soviétique que l’on n’avait pas vu venir, le renversement du régime
Iranien pourrait être très proche. Arrive au pouvoir cette semaine à Washington un nouveau président qui, en 2018, a renforcé les sanctions contre le pouvoir iranien. Le régime ressent ce double affaiblissement intérieur et extérieur. Il a entamé une double stratégie, proposant la reprise d’entretiens sur le nucléaire aux représentants européens, tout en maintenant un chantage d’État, par la détention indue de citoyens occidentaux.
Le pouvoir de Téhéran détient en prison, et depuis plusieurs années, 3 citoyens français.
Cette double stratégie, négociation et pression, est destinée à éviter que les pays occidentaux apportent leur soutien au renversement du régime. Mais ce renversement viendra en réalité de l’intérieur du pays, du peuple iranien lui-même.
Mike Pompeo a eu la clairvoyance de le souligner : « L’Iran sera libre, mais grâce à ceux qui se sont sacrifiés pour cette liberté, pendant des décennies ».