La Grande Muraille résistera-t-elle au Tsunami ?
Moins visuellement impressionnant que les vagues géantes qui ont touché les côtes des îles et des pays d’Asie du Sud-est en Décembre 2004, le Tsunami financier qui vient de se déclencher depuis New York, crée des vagues successives qui vont toucher la totalité de la planète.
La Chine, usine du monde, subira-t-elle le choc, ou sera-t-elle préservée ?
Ses clients, entrant progressivement, zone après zone, en récession, la Chine dans sa position de grand fournisseur planétaire, n’échappera pas aux conséquences du Tsunami. Les seules questions que l’on puisse valablement se poser, est quelle en sera la dureté, l’ampleur, et à partir de quand…
Ce qui a été la force de la Chine, sa puissance exportatrice, va se retourner contre elle. 40% de son Produit National Brut proviennent de ses exportations. Si ces dernières baissent de 5%, c’est 2% de croissance Nationale en moins… Si cette baisse approche les 10%, c’est 4% de croissance qui disparaissent…
Or la Chine, forte de ses 1,3 milliards d’habitants net sur le marché du travail… 15 millions de personnes par an… Pour simplement faire face, il faut que le pays progresse au rythme de 7% de croissance par an.
Mais le ralentissement de l’exportation a déjà apporté son lot de fermeture de petites usines, les moins compétitives. Dans la province de Guandong, cœur industriel du pays, plus de 10.000 petites unités auraient déjà fermé. En conséquence, le point d’équilibre théorique entre taux de croissance et taux de chômage se situera probablement plus prêt de 8% en 2009, ce qui risque d’être impossible à atteindre.
Car à la diminution de la demande mondiale, s’ajoute l’augmentation des coûts de production, liée à l’envolée des prix des matières premières dans la première moitié de 2008, et son corollaire, l’augmentation des prix intérieurs (entre 12 et 15%) et son autre conséquence, la demande d’augmentation des salaires, confortée par la réduction de la mobilité de la main d’œuvre. L’augmentation du salaire moyen atteindrait 66% entre 2004 et 2007, pour se situer à 234 $, niveau bien supérieur à celui d’autres pays d’Asie.
Ce mécanisme a commencé à s’enclencher, la Chine commençant a perdre une partie de sa compétitivité, dans le domaine des bas salaires. Dans une étude menée auprès de 66 sociétés internationales, et ayant une activité à Shanghaï, 54% estiment que la Chine devient moins compétitive par rapport à d’autres pays à bas salaire, comme le Vietnam, l’Indonésie, ou l’Inde.
Les autres jeunes tigres d’Asie, Japon, Corée du Sud, Taïwan, ont déjà connu un tel cycle, mais pas à l’échelle d’un pays de plus d’un milliard d’habitants. La Chine va découvrir que la délocalisation ne saurait être un processus à sens unique… « Made in China » ne signifiera plus forcément, prix le plus bas du monde…
A ces paramètres industriels et économiques vient s’ajouter l’élément monétaire, le yuan s’appréciant vis-à-vis du dollar (10% au cours des 12 derniers mois) renchérissant les exportations vers les Etats-Unis…
Un retournement de cycle, s’accompagne, nous le savons bien, par un retournement du marché immobilier…La Chine a beaucoup et rapidement construit, à l’échelle des besoins de sa population. Un excédent d’offre ou une baisse de la demande pourrait se traduire par une baisse importante des prix de vente…pesant sur le secteur, et sur la santé du système bancaire… air connu…
La Chine se prépare à affronter le Tsunami économique mondial, puisqu’elle vient de décider un package d’investissement de plus de 500 milliards de dollars en modernisation et développement d’infrastructures, pour stimuler ou pour le moins maintenir sa demande intérieure.
Ce dispositif pourra-t-il s’opposer au déclin de la demande extérieure ?
Il ne concernera certainement pas les zones déjà industrialisées et pourvues des infrastructures adéquat, qui risquent de connaître géographiquement les difficultés les plus sévères, et dont les populations hésiteront peut-être à repartir.
Se posera également la question de l’adéquation entre l’offre et la demande de qualification de la main d’œuvre.
Les réponses aux questions de départ se sont dessinées le long de ces lignes. Oui la Chine va être touchée par le Tsunami né aux Etats-Unis. Le premier trimestre 2009 va confirmer cette attaque.
Le déroulement de cette nouvelle année va être déterminant, car les chiffres inexorables du ralentissement de croissance vont commencer à être enregistrés… La première étape sera le passage sous les 10%, et ensuite le repli probablement « autour » des 7%, ou en dessous.
A l’évidence des taux auxquels les pays occidentaux ne veulent même plus rêver, et dont la moitié comblerait nos espérances les plus folles.
Oui, mais, pour un pays 3 fois plus peuplé que l’Union Européenne, le défi est 3 fois plus élevé.
Pays du gigantisme et du paradoxe, qui risque de se voir confronter à de sérieuses difficultés intérieures, tout en dégageant un taux de croissance que le reste de la planète continuera de lui envier.