L’accord de Genève première étape vers la chute des Mollahs
La signature de l’accord de Genève du 24 Novembre entre l’Iran et « le groupe des 5+1 » est une étape importante de la situation iranienne vis-à-vis du reste du monde, c’est-à-dire sa situation extérieure, mais également par rapport à sa propre situation intérieure.
Il a été beaucoup écrit sur le premier point, et à juste titre.
Cet accord constitue en effet la preuve que le « camp occidental » quand il est uni et volontaire peut faire fonctionner une politique de sanctions économiques. Le succès de cette politique n’a été que peu évoqué, alors qu’il constitue une réalité nouvelle par rapport au précédent échec d’une politique de sanctions, telle qu’elle a pu être menée contre l’Irak.
Il faut aussi admettre que dans ce dernier cas, la politique de sanctions contre l’Irak a duré moins de 10 ans, alors que celle appliquée contre l’Iran a duré plus de 30 ans. Il est donc incontestable que les sanctions économiques et financières ont amené le pouvoir politique iranien, non seulement à la table des négociations, mais à conclure un accord qui met fin aux visées nucléaires militaires de l’Iran.
Les difficultés d’approvisionnement énergétiques, et stratégiques (les pièces de rechanges des avions civils et militaires) la dépréciation de la monnaie (et, donc l’apparition de taux d’inflation proches de 50%) risquaient de mettre politiquement le régime en difficulté, par l’accroissement constant du mécontentement populaire (voir graphique page suivante).
La politique d’alliance avec la Russie et la Chine, les trafics économiques illégaux avec la Turquie, ne permettaient plus de faire face. Les files d’attente devant les pompes à essence constituent un très bon indicateur du niveau de mécontentement et en corollaire du risque politique qu’il ne faut pas dépasser.
Un tel risque devenait de plus en plus élevé au fur et à mesure que les années et les trimestres s’accumulaient. Un taux de chômage de 30% ne peut également qu’alimenter des frustrations populaires.
L’élection du candidat Hassan Rohani, permettait de faciliter le passage à la table des négociations, passage devenu absolument nécessaire. On pourrait alors considérer qu’un nouveau cycle de normalité s’est enclenché, mais, on peut également se poser la question de savoir si ce changement d’orientation politique n’est pas susceptible à terme de changements encore plus conséquents.
C’est dans cette direction de changements politiques futurs, induits et profonds que l’auteur se propose de diriger ses réflexions. La signature de l’accord de Genève constitue un changement de cap politique de première importance dans la mesure où il annonce le renoncement formel de l’Iran à se doter de l’arme nucléaire.
Or, cet objectif emblématique de « l’Iran puissance » constituait la contrepartie de l’effort économique demandé depuis 3 décennies à la population iranienne. Cet objectif de « l’Iran puissance » était la thématique suprême en symétrie de celle de haine contre le « grand Satan ». Or que se passe-t-il avec l’accord de Genève ? Non seulement on abandonne l’objectif de « l’Iran puissance » militaire nucléaire, mais on signe un accord avec le « grand Satan » et 5 de ses alliés.
La signature des accords de Genève constitue (que le pouvoir de Téhéran le reconnaisse ou pas) un DOUBLE RENIEMENT par rapport aux choix et aux thématiques voulues par le Père de la Révolution. Que le pouvoir de Téhéran le veuille ou non, ce virage à 90° de sa politique intérieure et extérieure signifie en profondeur que le POUVOIR POLITIQUE THEOLOGIQUE S’EST TROMPE ou bien a trompé le peuple.
Le principe du « Velayat-e-Faghig », le « Gouvernement par le Docte, par le Sage » sur lequel repose toute la conception de la République Islamique, démontre ainsi sa faillibilité. On ne peut pas imaginer qu’un tel déchirement des schémas constitutifs de la Révolution et du pouvoir POLITIQUE THEOLOGIQUE n’ait absolument aucune conséquence dans le long terme dans les têtes des citoyens iraniens.
Le pouvoir POLITIQUE THEOLOGIQUE est faillible et a failli. Tel est à notre avis, le sens profond, caché des accords de Genève. Le temps n’est pas encore venu de révéler et de pousser la diffusion de l’analyse et de ce contenu « contre-révolutionnaire », mais à n’en pas douter, ce moment viendra, et sa force est telle, qu’elle devrait permettre de remettre en question les institutions politiques théologiques actuelles.
Ceux qui s’identifieront les premiers comme porteurs de cette vision et de cette analyse seront les vainqueurs de demain à Téhéran.
En outre la déstabilisation du pouvoir Politico-théologique dans ses racines, s’accompagnera d’un accroissement de bien-être de la population par la levée progressive de l’embargo économique, et d’une envie de consommation. Tout processus d’amélioration de liberté économique s’accompagne en symétrique d’une envie de libéralisation politique.
Ce double processus ne se créera pas immédiatement, mais dans les 3 à 5 ans ou peut-être plus rapidement… Le POUVOIR POLITICO THELOGIQUE de Téhéran devra donc faire face dans les temps à venir à cette TRIPLE DYNAMIQUE :
- La preuve de sa faillibilité
- L’essor économique
- L’appétit de libéralisation politique.
L’accord de Genève apparaîtra alors comme ayant été la première étape de la chute du régime des mollahs.