La COP27, en Afrique, peut-elle tenir les promesses écossaises de Glasgow ?
Article paru sur La Tribune le 25 octobre 2022
Le sommet annuel sur le climat COP27 commencera dans moins de 15 jours, le 7 novembre, en Égypte à Charm el Cheikh. En Afrique et dans toute l’Europe, les décideurs politiques se demandent si l’événement peut relever les défis posés par une année tumultueuse dans le domaine de l’énergie et du climat.
La COP27 pourra-t-elle tenir les promesses de Glasgow, en particulier pour le continent africain, tout en s’adaptant aux variations énergétiques et climatiques de ces derniers mois ?
Un chamboulement simultané, énergétique et climatique
Les changements sont hyper nombreux et différents. Changements de pays d’approvisionnement pour le gaz et le pétrole des pays européens, gros importateurs. Augmentation des prix pour tous les consommateurs, riches ou pauvres, du nord ou du sud. Certains pays même en Europe, repartent vers le charbon, connu pour sa pollution, et le nucléaire identifié par son taux de risque, à l’exemple de l’Allemagne. En parallèle, le changement climatique poursuit ses dérèglements tant par la hausse des températures, l’augmentation des précipitations, et la violence des tempêtes tropicales.
La totalité de la population terrestre doit donc faire face, en même temps, à un vaste champ de difficultés, certaines issues de sa propre activité de consommation, d’autres, provenant de décisions militaires d’un seul pays. Enfin le déclenchement de pandémies, dont les causes exactes et prouvées ne sont toujours pas élucidées, et ne le seront peut-être jamais, parce que très soigneusement cachées.
Cette situation, multi-domaines, multi-causes, projette des champs de causes et d’effets, qui s’entrecroisent. Comme si ce niveau de complexité à l’échelle planétaire ne suffisait pas, le nombre de pays impliqués approchent les 200, répartis aussi selon des idéologies, des valeurs, et des niveaux de richesse différents.
Face à une telle situation dont on ne perçoit pas le début de solution, ne faudrait-il pas choisir radicalement de penser « en dehors de la boîte ».
Des inquiétudes sur les participants, de nécessaires compensations pour l’Afrique
De profondes inquiétudes sur les résultats de la conférence se sont déjà fait entendre. En septembre, le représentant spécial de l’Égypte à la COP27, Wael Aboulmag, a noté qu’il existe des « écarts énormes » entre l’action climatique des États et ce qui serait nécessaire pour respecter l’accord de Paris.
Il existe des interrogations quant à la présence de quelques leaders majeurs, soit par leurs moyens ou leur charisme. La présence du président américain Joe Biden, probable n’est pas totalement garantie. Les responsables de la Maison Blanche continuent d’évaluer si le président peut s’y rendre, dans le contexte des élections de mi-mandat aux États-Unis, et du sommet du G20 en Indonésie.
Le roi nouveau roi du Royaume-Uni, Charles III, défenseur chevronné du climat, avait appelé, depuis Glasgow, les dirigeants mondiaux à se mettre sur le « pied de guerre » pour faire face au changement climatique. Il sera absent en Égypte « sur les conseils de la Première ministre », ce qui a surpris de nombreux observateurs de la politique climatique.
Mais il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. Le sommet pré-COP27 qui s’est tenu au début du mois d’octobre au Congo a fourni une plateforme vitale pour les pays vulnérables au changement climatique. Elle vise à obtenir une compensation pour les pertes économiques liées aux catastrophes climatiques, une question qui a longtemps été mise de côté. Cette question est particulièrement centrale pour les pays africains.
En tant qu’hôte, l’Égypte a pu placer cette question au cœur de sa présidence de la COP. Le représentant spécial de l’Égypte a confirmé que le pays hôte « déploie beaucoup d’efforts » pour que la question de l’indemnisation des pays qui ont subi de lourdes pertes économiques en raison de catastrophes climatiques soit considérée comme prioritaire lors du forum.
Cette question importante ne doit pas être ignorée. La France a déjà rejoint un certain nombre de pays en se déclarant prête à investir dans des partenariats « pour une transition énergétique juste » dans les pays émergents lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies. Mais il est encore possible de faire beaucoup plus. Selon cette vision, l’UE se doit de soutenir les demandes des pays en développement concernant la création d’un nouveau fonds, précisément, lors de ce sommet.
Mais l’ensemble de ces dispositifs et stratégies sont à concevoir sur le moyen et long terme.
Comment penser en « dehors de la boîte » ?
La lutte contre le changement climatique, et le basculement a un dénominateur commun, l’accélération des développements technologiques.
Le deuxième composant de ce développement accéléré repose sur les capacités financières des pays développés, et des pays actuellement producteurs d’énergies fossiles.
Enfin, il s’agit d’adopter un mode volontariste d’organisation de ce changement, en mode projet, regroupant des compétences selon un certain nombre de domaines :
- L’électronucléaire de nouvelle génération, EPR les Small Modular Reactors,
- Les recherches sur la Fusion nucléaire
- L’éolien, et des compétences marine
- Le Solaire, et les technologies de stockage et de distribution
- L’hydrogène, bleu et vert, le transport
- Le passage temporaire au GNL et le transport
- La planification globale, et les hautes capacités de calcul informatique
Nous avons ici un modèle fondamentalement cartésien, qui consistant à «diviser la difficulté en autant de parcelles qu’il est nécessaire pour la résoudre ».
Chaque pays ne pourrait intégrer que deux groupes de travail.
Soit on continue à regarder de l’avant, la COP 28 se tiendra en 2023 à Dubaï.
Au début de cette année, le ministre de l’industrie et des technologies avancées des EAU, et PDG du groupe énergétique ADNOC, le Dr Sultan Al Jaber, a déclaré que les EAU « ont la responsabilité envers les milliards de personnes dans le monde de s’assurer qu’elles ont accès à l’énergie ».
Depuis plusieurs dizaines d’années, la France et les EAU ont construit de nombreux partenariats justement dans les domaines de la technologie, et en particulier de la technologie énergétique.
Au modèle que nous venons de présenter, ne suffirait-il pas d’ajouter, partenariat, et volonté stratégique. Nous avons alors entre, EAU et France, un modèle auquel de nombreux autres auront très envie de s’agréger.