La diplomatie Saoudienne face à Téhéran
Réconciliation entre le Royaume Saoudien et Téhéran ? Quelle réconciliation ?
Depuis la reprise officielle des relations diplomatiques entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, après 7 ans d’interruption, on entend cette «petite musique» du rapprochement entre les deux pays.
Suffirait-il de s’asseoir, officiellement, l’un en face de l’autre pour se rapprocher ? Ne retrouve-t-on pas là, hélas, cette regrettable attitude de conduire des analyses, et malheureusement de les diffuser, en se contentant de regarder la surface des choses ? L’analyse géopolitique peut-elle se contenter de simplisme ? Assurément non. Quelle est donc la réalité et le fond de la situation géopolitique entre ces deux pays ?
Les positions réelles
Les 2 régimes sont en réalité en opposition frontale. Téhéran veut la disparition de l’Etat Hébreux, et la naissance d’un Etat palestinien de « la rivière (le Jourdain) à la mer (Méditerranée) ». Le président de la République islamique d’Iran vient de prononcer cette phrase, il y a quelques jours. L’Iran vient de lancer le Hamas à l’assaut d’Israël. Riyad menait depuis de nombreux mois des négociations avec Tel-Aviv, en vue de rejoindre les accords d’Abraham, confortant l’Etat Hébreux ! Les deux stratégies sont frontalement opposées. Voilà donc la réalité géopolitique.
Comment interpréter les conférences à Riyad ?
C’est dans le cadre décrit ci-dessus qu’il faut analyser la tenue à Riyad de la réunion conjointe de l’Organisation de la Coopération Islamique (comprenant l’Iran…) et de la Ligue Arabe (dont l’Iran ne fait pas partie….) Pas question pour le Royaume Saoudien de laisser Téhéran se glorifier de son combat contre Israël. Certes, il convient pour tous les participants à cette réunion conjointe de condamner l’action de Tsahal dans la Bande de Gaza, et d’alerter sur les « développements dangereux » d’une telle situation. Mais pas question pour Riyad de laisser la stratégie iranienne d’affrontement sur le devant de la scène.
Riyad, une stratégie de paix et de long terme
L’Arabie Saoudite se positionne sur le temps long, et le déclin du pétrole, dans le cadre de son plan VISION 2030. Elle souhaite, car cela lui est apparue comme une absolue nécessité, s’ouvrir au monde, au tourisme, aux nouvelles technologies (dont certaines israéliennes) qui constitueront les clés de son futur. MBS, le prince héritier, ne se situe nullement dans une stratégie idéologique de combat, vis-à-vis d’Israël, comme le fait le régime religieux de Téhéran. Mais cette stratégie saoudienne s’accompagne de la volonté de voir la création d’une entité Palestinienne. C’est le grand enjeu des discussions et négociations que l’Arabie avait entamée avec Israël.
Parler n’est pas s’accorder
Il ne faut absolument pas confondre la reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie Saoudite et l’Iran avec un rapprochement. Il ne faut pas confondre le tuyau diplomatique et ce qu’il véhicule. Monsieur Daladier rencontrait « Monsieur Hitler ». Nous savons tous ce qu’il en est advenu…. La Chine a initié la reprise des contacts entre les deux pays parce qu’elle est devenue le premier client pétrolier de l’un et de l’autre, et non pas parce que les deux pays sont sur la même longueur d’onde.
L’objectif de l’Arabie Saoudite est d’obtenir la fin des combats, celui du régime iranien est de poursuivre la lutte par tous les moyens non conventionnels possibles. La stratégie de prise d’otages est une signature iranienne à même de produire des effets dans le temps long. Quatre citoyens français innocents, sont toujours retenus dans les prisons iraniennes. Ils sont des otages, pas des prisonniers, ne l’oublions pas !
L’Arabie garde en ligne de mire les négociations à reprendre, un jour, avec Israël, dans le cadre d’un règlement pacifique de la question Palestinienne…! Les fusils, d’un camp ou de l’autre, ne pourront jamais régler le problème. Le règlement sera politique, ou ne sera pas. Riyad le sait, et ne craint pas de s’opposer à Téhéran sur cette question.
Un rapprochement. Quel rapprochement ? Deux visions opposées sont en train de s’affronter au Moyen-Orient.