France, Maroc: tensions diplomatiques au grand jour
Les relations entre la France et le Maroc, se sont compliquées au niveau gouvernemental depuis quelques temps. Le fort tremblement de terre au sud de Marrakech, et la « non acceptation » par le Maroc de l’offre officielle d’assistance de la France, ont révélé au grand jour une situation tendue contrastant avec la relation des deux populations.
- Au centre de ce contentieux se situe le statut du Sahara Occidental. Ancienne colonie espagnole, contiguë du sud marocain. Ce vaste territoire représente la moitié de la surface de la France. Plus de 50 pays y ont reconnu la souveraineté du Maroc, dont les Etats-Unis. La France se range derrière la position de l’ONU et la tenue d’un référendum. Le Maroc attendait beaucoup plus de Paris, comme partenaire et ami. Derrière la prudence française se trouve….l’Algérie.
- Depuis le départ espagnol, Alger offre un soutien militaire et politique au Front Polisario et à sa revendication d’indépendance. Un gouvernement Polisario au Sahara Occidental ouvrirait pour l’Algérie, à travers ce territoire, une fenêtre sur l’Atlantique…..! Paris, en prenant parti pour Rabat, recevrait les foudres d’Alger. Impossible, quand nous avons besoin de plus de gaz algérien pour …compenser le gaz russe.
- Dans cette position d’équilibriste, la diplomatie française a réduit la délivrance de visa pour les citoyens marocains. Apparaît alors le logiciel espion Pegasus sur un des téléphones du président français…. Opération potentiellement gérée depuis le Maroc, qui naturellement s’en défend… Le vote du Parlement européen condamnant le Maroc pour son manque de liberté d’expression vis-à-vis des médias et des journalistes, dans le silence de la France, porte la tension à son paroxysme.
Le jour même du vote à Bruxelles, Rabat, décide de mettre fin à la mission de son ambassadeur à Paris. Huit mois plus tard, il n’est toujours pas remplacé. La crise était diplomatiquement présente, ce très douloureux tremblement de terre l’a tout simplement révélé au grand jour. Il faudra du temps, des circonstances favorables, et beaucoup de diplomatie pour inverser ce cycle.
Intervention du 12 septembre 2023 sur France Info.