Trois regards sur la crise du Moyen-Orient.

Mes interventions médias très récentes ont abouti à la diffusion de podcasts et vidéos. Ces documents ont été accompagnés de texte d’introduction. Leur présentation regroupée ci-dessous donne une vision plus globale de mes analyses sur cette complexe situation.

La responsabilité des gardiens de la révolution, et donc du régime iranien, dans l’attaque du Hamas depuis Gaza, a été explicitement reconnue et commentée par le conseiller du guide suprême pour les affaires internationales. 48 heures après l’attaque, Ali Akbar Velayati (ancien ministre des Affaires étrangères) a déclaré : « Les Etats-Unis ont cru que l’élimination du général Soleimani allait priver les Gardiens de la révolution de leur capacité d’action extérieure. Les évènements récents viennent de démontrer le contraire »…….

Clair aveu du rôle fondamental du régime iranien, et de ses choix. Il est l’architecte d’une stratégie globale contre Israël, et les Gardiens de la révolution sont les concepteurs et organisateurs de l’attaque du 7 octobre.

• L’objectif politique de cette attaque était de casser le processus de paix en construction entre les pays musulmans et Israël. Après des accords avec les Emirats, Bahreïn, Le Maroc, Le Soudan, Israël, avaient débuté des négociations avec l’Arabie Saoudite….! Impensable pour le régime de Téhéran de voir s’écrouler sa stratégie d’affrontement avec l’Etat Hébreux, lancée par Khomeini, il y a 50 ANS, en préparant son arrivée au pouvoir !
• Les démocraties européennes et américaines n’ont pas voulu voir la patiente stratégie d’encerclement d’Israël par les milices chiites créées par Téhéran, et les alliés de ce régime, Aucune vision commune n’a été jugée utile pour contrer ce risque croissant de conflit, et de déconstruction du processus de paix. Sans volonté politique, aucun plan d’action n’a été créé pour s’opposer à ces milices ou aider le peuple iranien, qui le souhaite, à renverser ce régime religieux.
• Le pouvoir iranien va même essayer d’utiliser cette situation, à son avantage, à l’intérieur du pays. Il dispose avec cette thématique anti-israélienne, d’un levier pour détourner l’attention des citoyens de la crise intérieure, et d’un thème pour essayer de refédérer autour de lui, une population qui depuis des années se révolte contre lui. Immense défi. L’opposition au régime à l’intérieur du pays risque de ruiner ce plan…..

On utilise le mot de guerre dans ce conflit. Ne s’agirait-il pas plutôt d’un conflit en 2 volets? L’un MILITAIRE entre une armée constituée, celle de l’Etat d’Israël, et les milices radicales, du Hamas.

L’autre est profondément POLITIQUE, et oppose Israël, son opinion publique, à ses voisins arabes et musulmans. Mais il implique aussi ses alliés et amis, et l’opinion publique internationale.

• Militairement le but verbalisé par le gouvernement israélien est la destruction du Hamas. Mais, hélas, chacun sait à travers les combats contre Al Qaïda et Daech, que si leur démantèlement est réalisable, leur éradication est impossible. Les combats menés par Tsahal vont créer des pertes croissantes. En deux jours, 15 de ses soldats sont morts. Combien perdront-ils leur vie dans une guerre annoncée longue? Combien d’otages risquent-ils d’être tués dans ces combats ? Une partie de l’opinion israélienne souhaite et attend leur libération, mais risque d’obtenir que de nouveaux morts. Le 1er volet du » piège de Gaza » est là: diviser la société israélienne au milieu des otages et des morts supplémentaires.
• Politiquement, la dureté des combats va permettre au Hamas de diffuser des images qui vont de plus en plus choquer le monde. Israël s’y attend, mais les conséquences sur l’échiquier politique international risquent d’être désastreuses, dans les pays musulmans, mais aussi dans les démocraties, alliées d’Israël. Des trêves humanitaires seraient possibles, mais l’arrêt de difficiles combats pourra-t-il avoir lieu ? Le 2ème volet du « piège de Gaza » est là : Annihiler les rapprochements entre Israël et les pays musulmans, et éloigner d’Israël de ses amis et alliés.
• LE TEMPS constitue le 3ème volet du piège. Plus les combats dureront, plus les tensions internes israéliennes risquent de s’amplifier. Plus le temps passera plus les actions et les manifestations déstabiliseront alliés et amis d’Israël. S’y ajoutera la pression créée par la détention des otages. L’allongement de la durée des combats produira des effets de plus en plus négatifs sur l’économie israélienne.

Le piège de Gaza n’est porteur que de dilemmes pour le gouvernement israélien. Les concepteurs iraniens, élément clé de ce conflit, resteront loin de l’affrontement militaire et ne feront agir que leurs proxys. Ils engrangeront tous les bénéfices politiques de ce machiavélique piège, qui en plus aura fait perdre à Israël la certitude de son absolue sécurité.

La pression militaire croissante de l’armée israélienne sur Gaza augmente la mobilisation contre Israël en Cisjordanie. Le gouvernement de Tel-Aviv va devoir assurer un savant équilibre entre son action contre le Hamas et le maintien de la sécurité dans ce territoire. Le piège de la répression est en place.

• A l’opposé de Gaza d’où les colons israéliens se sont retirés depuis 2005, la Cisjordanie voit arriver l’implantation de nouvelles colonies. Cette opposition de dynamique est porteuse d’instabilité pour les plus de 3 millions de Palestiniens qui y vivent.
• L’autre zone de nouveaux dangers se situe au nord d’Israël le long de la frontière avec le Liban. Ce pays abrite plusieurs dizaines de milliers de miliciens du Hezbollah, bien entraînés, armés et motivés. Une décision d’action de leur part relève de Téhéran, mais le mouvement lui-même semble divisé sur les conséquences humaines et politiques d’une intervention massive contre Israël. S’y ajoutent les conséquences sur la situation économique et politique libanaise plus que difficile.
• Israël va avoir besoin de toutes ses ressources en matière de sécurité, police, armée, et services de renseignement pour contrôler un éventuel embrasement en Cisjordanie. Les prochaines semaines vont être cruciales. Le gouvernement israélien doit être présent en même temps sur 3 fronts, Gaza, La Cisjordanie, et les otages….