La Turquie dans le piège syrien

Politiquement et religieusement, les dirigeants Syriens et turcs sont sur des chemins différents depuis très longtemps. Dès le début du printemps arabe à Damas, en 2011, Erdogan s’est engagé dans la lutte contre le régime syrien. Treize années plus tard, il a profondément participé à sa chute.

  • Après avoir armé les premières milices rebelles, par l’intermédiaire de ses services secrets, la Turquie dans un second temps a fait franchir à son armée, la frontière syrienne en 2017. L’objectif était d’éviter que les milices kurdes ne prennent trop d’importance au contact de la frontière turque.
  • Sept ans plus tard, en continuant de soutenir l’ASL (l’Armée Syrienne Libre) milice pro-turque, et en la conduisant à soutenir la milice HTS, elle a indirectement aidé cette dernière a réalisé son offensive victorieuse d’Alep à Damas. La Turquie a donc fortement contribué à la chute du régime de Bachar al-Assad.
  • Maintenant, voudra-t-elle aller plus loin. Elle a les atouts de ses 800km de frontière avec la Syrie, la présence de son armée dans le nord syrien, et la milice ASL sous son contrôle. Mais le terrain ne lui est pas ouvert….. Une action militaire directe contre les kurdes, se heurterait à de fortes réactions, et à une dynamique de partition de la Syrie.

La nouvelle situation syrienne reste donc très ouverte. Le nouveau pouvoir autour de HTS et de son leader Ahmed al Charaa, ont entamé des contacts officiels avec plusieurs puissances régionales et internationales. Si cette option d’équilibre devait se poursuivre, cette stratégie serait vraiment la stratégie la plus efficace pour limiter l’influence turque.

Intervention de Gérard Vespierre sur i24News du 19 décembre 2024