« Occuper Beyrouth, détruire Damas, menacer Amman, faire du mal à Bagdad, pendre Sanaa, il est impossible que quiconque puisse prétendre que cela sert la Palestine ! »

Joseph Aoun, Président du Liban, 4 mars 2025, Le Caire.

Occuper Beyrouth

Quelle phrase !

 Qui aurait pu imaginer il y a quelques mois que le Liban, sans président, depuis deux ans, à cause du blocage du Hezbollah, voit son nouveau président, fraîchement élu, s’exprimer ainsi…. ?

Sa puissance, sa justesse d’analyse géopolitique, et sa concision, m’ont pleinement incité à rédiger ces quelques lignes, pour la faire connaître.

Pointer ainsi du doigt, très diplomatiquement, à fleuret moucheté, le régime iranien, qui a fait tant souffrir son pays depuis des dizaines d’années, est tout simplement remarquable.

Qui aurait-pu imaginer, après le bouleversement du 7 octobre 2023, que la situation géopolitique du Moyen-Orient allait être à ce point renversée, recomposée ?

Israël subissait en ce jour une cuisante défaite, plus de 1200 de ses citoyens tués, plus de 200 pris en otage…. L’État Hébreux se retrouvait quelques semaines plus tard sous le feu du Hezbollah, et des Houthis, tout en affrontant le Hamas, dans la bande de Gaza….

Mais 12 mois plus tard, au prix de très lourdes pertes pour la population de Gaza, le Hamas, sans être éradiqué, se retrouvait très profondément amoindri. Dans le même temps, l’armée de l’air israélienne bombardait puissamment le Hezbollah, les Houthis, et même l’Iran.

L’élimination des dirigeants du Hezbollah, et de plusieurs centaines de ses cadres militaires, allaient aboutir à un profond affaiblissement de sa position politique.Une trêve militaire au Liban, après les dures frappes sur le « parti de Dieu » allait permettre de faire revivre les institutions du pays.

Ce rétablissement politique libanais allait même être accompagné de la chute de Bachar El Assad en Syrie, et l’émergence d’un tout nouveau régime dont les choix se placent très loin du radicalisme.

La recomposition géostratégique du Moyen-Orient, déjà perceptible au mois de novembre avec l’absence de réaction du régime iranien au bombardement mené sur son territoire par l’armée de l’air israélienne, se trouve totalement confirmée quelques mois plus tard.

La stratégie antisioniste du régime iranien, mise en place depuis son arrivée au pouvoir à Téhéran en 1979, connaissait son paroxysme en 2024. Israël combattait sur 3 fronts, et recevaient même, à deux reprises sur son sol, des centaines de drones et missiles lancés depuis le territoire iranien.

Début 2025, totale confirmation du retournement géostratégique de la région. L’Iran voit les capacités militaires et politiques de ses trois proxys, fortement diminuées, et fait face à la fermeture de son ambassade à Damas. Il s’y ajoute le départ des militaires russes de leurs deux bases en Syrie…. Une page lourde de dizaine d’années se tourne.

La phrase mise en exergue dans cet article constitue une magnifique synthèse du non-sens de la stratégie de destruction du régime iranien. Elle n’a nullement servi la cause politique palestinienne. Ces derniers se retrouvent même dans la bande de Gaza, et par contre-coup en Cisjordanie, dans une situation encore plus difficile à cause des choix sanglants du régime iranien.

Ira-t-il jusqu’à en payer prochainement le prix suprême, en étant remercié par une révolte de sa propre population ?

En attendant, il est nécessaire de déguster cette phrase de Joseph Aoun, nouveau président élu du Liban, en lui souhaitant, ainsi qu’à tous nos amis libanais, l’ouverture d’une nouvelle page d’histoire pour leur pays, avec un retour total à la paix et au développement économique qu’ils avaient si bien su construire…..