Situation en Israël
Article paru sur Le Contemporain le 15 octobre en collaboration avec Elias LEMRANI
Avant même l’arrivée des religieux au pouvoir en Iran, en 1979, l’ayatollah Khomeini avait déclaré qu’Israël était l’ennemi de l’islam. Non pas un adversaire stratégique, mais un ennemi. Un ennemi à abattre. « Une tumeur cancéreuse » selon les mots d’Ali Khamenei guide suprême actuel, en 2009. Le but final de l’Iran est de rayer définitivement Israël de la carte, expression utilisée par l’ancien président iranien Ahmadinejad.
Ces discours martiaux se sont traduits en actes. Une fois arrivés au pouvoir, les Ayatollahs ont créé le Corps des Gardiens de la révolution islamique et son unité d’élite, la Force Al-Qods (Jérusalem) pour les opérations extérieures. Au Liban, à partir de 1982, naît, dans l’univers chiite libanais, le Hezbollah. Puis des contacts et des accords sont mis en place avec le Jihad Islamique et le Hamas, donc principalement à Gaza. D’étroites relations sont alors établies entre le Hezbollah, le Hamas et Téhéran, contre Israël.
Le déclenchement d’une opération terroriste contre Israël, ce 7 octobre, exprime le refus par Téhéran de voir de plus en plus d’États arabes se rapprocher de Jérusalem, dans le cadre des Accords d’Abraham. Même l’Arabie Saoudite avait débuté des négociations.
Pour mettre fin à ce processus régional pacificateur, l’Iran a choisi de faire lancer cette attaque par le Hamas. Suite aux bombardements israéliens, de réponse, sur Gaza, Riyad a décidé de suspendre ce processus. Téhéran a gagné cela.
Ces attaques terroristes interviennent de plus lors d’un chapitre politique compliqué en Israël. Le gouvernement très conservateur de Netanyahou a provoqué de très nombreuses tensions dans la société israélienne ces dernières années. Il a poursuivi les implantations de nouvelles colonies en Cisjordanie, et s’est attaqué à la séparation des pouvoirs entre le politique et le judiciaire, cœur de la démocratie israélienne.
Les images de centaines de milliers d’Israéliens dans les rues manifestant contre cette réforme de la Constitution, ont fait le tour du monde. L’armée israélienne, Tsahal, ce saint des saints laïc, s’est opposée à cette réforme, déstabilisant ainsi de l’intérieur un pays pourtant menacé de l’extérieur. Téhéran a saisi l’occasion.
Le premier ministre Netanyahou, impliqué dans plusieurs affaires judiciaires, pourrait voir arriver, avec l’échec de sa politique sécuritaire, la fin de son cycle politique.
Ne pourrait-on considérer, l’arrivée du religieux dans le politique,….en Iran,…. comme en Israël, comme cause principale des malheurs survenant dans ces deux pays ?
Maintenant, que va faire Israël ? Quels sont les plans de l’armée ? Tout d’abord, le gouvernement a du parler haut et fort afin de se mettre à la hauteur des violences subies par le pays. Tsahal sait mener des opérations d’envergure.
Le gouvernement lui a confié deux objectifs majeurs : détruire les moyens militaires et l’organisation du Hamas et libérer le maximum d’otages possible, ce que le pays attend.
Il faudra néanmoins que ces opérations ne soient ni trop étalées dans la durée, ni trop porteuses d’images difficiles, au risque de voir s’étioler, avec le temps, l’élan de profonde sympathie recueillie par Israël au vu des atrocités commises par le Hamas.
Le Hamas avec ses attaques, terre, air, mer, et sur l’électronique de défense israélienne, a mis en œuvre des tactiques dont on ne le croyait absolument pas capable. Ce niveau de surprise et d’innovations techniques ont participé grandement à l’absence de réponse initiale des forces armées israéliennes.
Pourront-elles, dans leur réponse visant à l’élimination du Hamas, faire appel à des outils et tactiques nouvelles ? La rupture de l’image d’invincibilité subie le 7 Octobre, exige aussi une réponse opérationnelle rapide…..