Syrie : chute du tyran, quel futur?
La surprise internationale, et des Syriens aussi a été grande de voir enfin, la chute d’une tyrannie de 54 ans, après 13 ans de guerre civile. L’action de la milice HTS a été fulgurante. 10 jours entre la chute d’Alep et la prise de Damas….!
- Derrière cette dynamique, il faut impérativement souligner la préparation, l’organisation, et la coordination qui ont été nécessaires, en amont. Cela signifie que la milice leader, HTS a calibré ses choix pour réunir des forces politiquement différentes, comme eux-mêmes et l’Armée Nationale Syrienne, par exemple, appuyée par la Turquie. Cette capacité à réunir des différentes se reflète dans les 16 années de combat du leader Abou Mohammed al Joulani, évoluant d’Al Qaïda à Al Nosra puis HTS….. Evolution politique ou dissimulation?
- Cette milice leader du mouvement de renversement, semble (je dis bien semble) avoir mis en pratique une politique d’acceptation des différences. Pendant des années, dans les territoires sous leur contrôle, les églises sont restées ouvertes, certes avec des contraintes, mais la pratique religieuse était acceptée. Cette acceptation de la différence est absolument clé pour le futur de la Syrie. La mosaïque culturelle, religieuse, ethnique, syrienne est très vaste. Les minorités, kurdes, alaouites, chrétiennes, représentent un tiers de la population. La mise en place d’un régime islamiste radical conduirait à un refus de cette forte minorité et à une nouvelle guerre civile.
- Les influences extérieures ne sont évidemment pas absentes. La Turquie possède une véritable influence dans la partie nord-ouest du pays, et porte un regard particulier sur la population kurde qui représente 20% de ses propres citoyens. Les Etats-Unis possèdent dans la partie nord-est du pays 6 microbases, accueillant environ 900 membres des forces spéciales. Leur mission consiste à aider les kurdes des Forces Démocratiques Syriennes. Israël, joue également un rôle moins visible, mais depuis des années bombarde très régulièrement les installations militaires iraniennes et celles du Hezbollah, qui ont assuré la survie du régime. Enfin les Etats du Golfe ne restent pas financièrement inactifs.
Après 13 années de guerre civile, et de massacres, la survie de la Syrie exige une politique d’apaisement, de regroupement, de forces qui se sont affrontées pendant ces longues années. Tout dérapage vers un islamiste radical ne pourrait que rallumer une guerre intérieure et aboutir à un chaos encore plus grand, et un éclatement possible du pays. La responsabilité des nouveaux dirigeants est immense. Les premier choix, visibles, sont positifs, rencontres avec les membres de l’ancien pouvoir, et absence de persécution religieuse ou des forces de sécurité de l’ancien régime. Mais cette stabilité sera absolument cruciale dans le temps long….!
Intervention du 8 décembre 2024 sur BFMTV.